top of page

#84 - Libéralisme, liberté, autonomie - GASPARD KOENIG

Qu’est-ce que la pensée libérale et comment elle peut inspirer un programme politique centré sur la simplification, la confiance et la liberté ?





Gaspard Koenig est philosophe et écrivain et depuis des années il prend part au débat publique via des chroniques, de livres, des enquêtes sur des sujets très variés. Il a décidé récemment d’entrer dans l’arène politique pour porter ses idées en se déclarant candidat à la présidentielle.


Gaspard Koenig est un penseur libéral, terme qui en France n’a pas toujours bonne presse, et c’est précisément pour cela que je l’ai à nouveau reçu dans le podcast, pour comprendre, au-delà des raccourcis, ce qu’est le libéralisme classique et quelle grille de lecture il a à nous offrir.

Appliqué à la France cela donne un diagnostic sans appel : le pays est sûr-administré, sur-contrôlé, enfermé dans une prison bureaucratique dont il nous faudrait sortir. Le mot d’ordre, « la mère de toutes les batailles » selon Gaspard, serait la SIMPLIFICATION. C’est cette idée qu’il a mis en centre de sa proposition politique et que nous abordons en seconde partie d’interview.


Nous parlons de libéralisme, de liberté, d’autonomie, de confiance et donc de quelques idées pour reformer la France.


ITW enregistrée le 9 février 2022



De quoi parle-t-on ?


02:00 - Le cadre de pensée Gaspard Koenig ?

  • Philosophe et écrivain (“C’est en essayant de trouver la bonne formulation que souvent on déclenche les meilleurs pensées”)

  • Pensée systémique

  • Base doctrinale : libéralisme classique

  • Confrontation au réel

    • expériences liées à la notion de liberté (prisons ouvertes, tour à cheval, …)

    • (ré)écouter le premier épisode avec Gaspard Koenig : l’IA - la fin de l’individu

    • think tank Génération Libre , campagne politique (concrétisation des idées. exemple du revenu universel : idée philosophique, visite terrain au Brésil, publication de rapports avec des experts, proposition de politique publique)

  • Liberté, autonomie des territoires

  • Fondation du mouvement Simple

  • candidature à la présidentielle (site de campagne de Gaspard Koenig)


10:20 - Qu’est-ce que le libéralisme ?

  • mouvement philosophique français né au XVIIIe siècle

  • entre centre gauche et centre droit (

    • limite gauche : l’état planificateur redistributif est illégitime

    • limité droite : la société doit évoluer, le souverainisme n’est pas une réponse

  • comment assurer de manière organiser le maximum de liberté pour l’individu

  • Notre civilisation est là pour émanciper l’individu de différentes tutelles (communautaires, religieuses ou économiques) et pour lui permettre de se définir lui-même, choisir ses valeurs et maîtriser son destin.

  • la coexistence de gens qui vivent très différemment sur un territoire est le but versus une société homogène (exemple de la liberté d'expression)

  • Si on n’a pas la possibilité aux gens d’expérimenter, d’avoir des modes de vie divergents, on stagne.

  • En France le mot s’est perdu :

    • depuis le seconde GM la F a développé une culture étatiste (planification, centralisation).

    • Le néolibéralisme (le marché fait la loi, moins d’État, moins d'impôt, …), une petite option du libéralisme est devenu majoritaire politiquement

  • Libéralisme classique : l’État a pour mission d’affranchir l’individu de ses tutelle. Il place l’État au centre, l'individu autour et essayer d’éliminer ce qu’il y a entre les deux (lutte contre les corporations, les privilèges, l’emprise religieuse).

  • État fort pour émanciper l'individu et neutre quant au choix moral des gens.


19:30 - La mauvaise réputation du libéralisme ?

  • le mot a été réhabilité et a une connotation positive selon les sondages


21:30 - Les dérives actuelles du libéralisme : le néo-libéralisme

  • La naissance de la biopolitique, Michel Foucault : (la surveillance d’Etat, l’utilitarisme économique, la recherche de l’efficience vont ensemble.

  • Exemple de la gestion de l’eau (transfert des compétences des communes vers l’intercommunalité d’ici 2026 et délégation à Veolia = raisonnement néolobéral)

  • Néolibéral : recherche de l’efficience, optimisation

  • pour le libéral, maîtriser son territoire est essentiel

  • Néolibéral : centralisation, nudge, (ex: compteur linky)

  • Libéral : droit de propriété sur ses données (consommation électrique, géolocalisation). Le sous-optimum est le prix de la liberté

26:30 - Laisser de l’autonomie aux individus

  • mettre en place les conditions pour qu’un ordre spontané apparaisse

  • permettre à chacun d’enrichir la communauté.

  • David Graeber : La bureaucratisation (entreprise et administration) est la tendance centrale du monde occidental :élimination du risque, du hasard, de l'inattendu.

  • dans un monde normé, la responsabilité est reportée sur quelqu’un d’autre

  • Simplifier :

1. réintroduire l’aléa : donner la possibilité aux gens d’exercer leur propre jugement en rendant la loi intelligible et générale.

Jean Etienne Marie Portalis : simplifier c’est renoncer à tout anticiper et tout connaître (préface du code civil). Suppose de faire confiance à la raison humaine.

2. sobriété (retour à la nature, contact direct avec autrui, lutte contre la surconsommation)

  • Définition de la liberté :

    • Néolibérale : multiplier les possibles (acheter ce qu’on veut, aller où on veut)

    • Stoïcienne : être autonome par rapport aux affects qui nous viennent de l'extérieur (exemple du tour à cheval de Gaspard)

  • Les moins de 35 ans essayent de constituer leurs propre individualité (ex: fluidité sexuelle)

  • “La force de l’homme c’est de ne pas avoir de définition” (Jean Pic de la Mirandole)


35:30 - Sortir de la grande planification

  • Les grands plans (hôpital, école, police) sont voués à échouer car ils sont centralisés alors que les situations sont différentes d’un lieu à l’autre.

  • Le rôle du responsable politique est de mettre en place les institutions pour que les gens donnent leur propre réponse de manière intelligente et informée.

  • Le principe de subsidiarité est valide

    • gouvernance mondiale et européenne nécessaire pour gestion des données, environnement

    • Il faut donner de l’autonomie à chaque strate


41:00 - La complexification, un mouvement inéluctable ?

  • Les premières bureaucraties (Rome, Babylone, Egypte) ont fini renversée par les Barbares.

  • les gens n’arrivent plus à vivre dans notre système normatif et de bons citoyens deviennent de vrais rebelles

  • Soit on continue l'inflation normative = risque d’effondrement.

  • Soit on réforme avant que les barbares n’arrivent (déjà fait par Portalis & Napoléon avec le code civil)

  • La simplification va marcher si c’est un projet matriciel et non une énième mesure.


46:00 - La thèse de la grande simplification (aka effondrement) ?

  • Le monde est toujours plus surprenant que la pensée humaine (inutilité des projections)

  • Lien philosophique entre simplification et sobriété : s’astreindre à vivre plus simplement en consommant moins d’énergie.

  • Définir ce dont nous avons vraiment besoin demande plus d’attention que d’accumuler. (la simplicité est difficile à obtenir)

  • Quinze jours dans le désert, Alexis de Tocqueville : notre civilisation industrielle va nous faire perdre la simplicité première.

  • Il y a un lien entre dé-bureaucratisation, simplicité philosophique et attachement aux écosystèmes.


50:00 - L’Europe nous contraint-elle ?

  • Bruxelles est en processus de déflation normative depuis 10 ans.

  • Simplifions-nous la vie :10% des normes viennent de Bruxelles, 90% sont simplifiables en interne (surtransposition de l’administration française)

  • Une europe où il y a des régions autonomes qui expérimentent est plus intéressante qu’une Europe homogène


53:00 - L’écologie simplement ?

  • l’écologie est un problème de protection du vivant

    • Droit du vivant (droit des animaux, des fleuves, des écosystèmes).

    • donner à un individu les moyens de se développer et générer des contraintes sans le prérequis de la planification.

  • réchauffement climatique est un problème pour l'espèce humaine, pas pour la planète

    • Un mécanisme d’incitation est préférable à la planification.

    • Taxe carbone : Orientation des comportements sans les moraliser, respectueux des libertés.


58:00 - La confiance (plutôt que la norme et la contrainte) comme socle d’un nouveau modèle

  • Les prisons ouvertes finlandaises reposent sur l’engagement des prisonniers à ne pas s’évader (pas de barrières physiques).

  • Le rêve de Montaigne est une société où les champs n’ont pas de clôtures mais des fils de coton.

  • l'infantilisation crée la perversion, plus on fait confiance, plus les gens se comportent de manière citoyenne et civique (légalisation du cannabis, revenu universel, démocratie directe suisse)


01:02:00 - Solidarités et séparatismes

  • 1,3 millions d’association en France. Avec du laisser faire, les gens développeraient naturellement des réseaux de solidarité (Les Zèbres)

  • Don sans contre-don (David Graeber)

  • La république une et indivisible est un mythe. Pour être indivisible, elle doit être diverse (exemple de l’Alsace-Moselle qui jouit d’un droit local différent)

  • Permettre aux identités locales de se développer est le garant de l’unité nationale.


01:06:00 - Peut-on aller contre les forces de centralisation ?

  • Le système de l’élection présidentiel n’est pas propice à l’émergence de nouveaux mouvements

  • Mais l’espace démocratique existe

  • Le système des parrainage des maires permet à des gens qui ne font pas parti des formations classique d’émerger

  • S’engager politiquement fait partie de la vie de citoyen.

  • Mettre fin au jacobinisme ne rencontre plus de résistance intellectuelle.


01:09:00 - « Moi président de la République… »

  • Il faut associer les fonctionnaires car ils sont demandeurs

  • Réduire par 100 le nombre de normes en simplifiant chaque code (déstabilisateur mais libérateur d’énergie)

  • associer les gens au processus de décision

  • succès de simplification: la réforme de l’auto-entrepreneur


01:13:00 - L’importance de comprendre la loi (et c’est impossible aujourd’hui…)

  • Nul n’est censé ignorer la loi mais personne ne peut la comprendre.

  • Écrire la loi sous une forme intelligible est la base de l’état de droit.


01:15:30 - peur et optimisme quant à l’avenir

  • Peur : facilité avec laquelle les gens sont prêts à se dépouiller de leurs libertés en temps de crise. Il y a des effets cliquet.

  • Optimisme : sur le terrain on rencontre des gens singuliers qui essayent de se réapproprier leur destin. Faire l’effort intellectuel de chercher à comprendre par soi-même est sain.


01:18:30 - Un conseil aux citoyens

  • Se poser la question : “est-ce que je maîtrise ma propre existence?, et sinon, qu’est ce que je peux faire pour que ce soit le cas”


01:19:30 - Les livres recommandés par Gaspard


Un grand merci à Julien Delfosse pour la rédaction de ces notes !


---












bottom of page