Inflation, dette, bitcoin, CBDCs, risques systémiques autour du système monétaire mondial.
L’inflation est de retour, les dévaluations monétaires ruinent des pays entiers, la dette mondiale atteint des sommets et le château de carte vacille. Qu’est-ce qui se joue en ce moment autour de la monnaie et qui semble déterminant pour notre avenir proche ?
Entre les politiques des banques centrales, le bitcoin, les velléités de contrôle des états, et les acteurs privés, il est difficile d’y voir clair. Nous faisons le point avec Yorick de Mombynes, conseiller référendaire à la Cour des comptes et chercheur associé à l’Institut Sapiens, spécialiste notamment des crypto-monnaies, nous essayons de décrypter l’actualité et de comprendre ce qui nous attend.
ITW enregistrée le 8 novembre 2022
De quoi parle-t-on ?
01:00 - Qui est Yorick De Mombynes ?
Haut fonctionnaire, conseiller référendaire à la Cour des Comptes
Passage comme conseiller de François Fillon à Matignon puis dans l’industrie chez Total au Nigéria et au siège.
Découverte du Bitcoin en 2016
Intérêt sur le thème de la liberté et des nouvelles technologies
04:30 - Qu’est ce que la monnaie ?
La définition est simple : un intermédiaire d’échange universellement utilisé
Elle est créée par deux moyens :
Les banques centrales créent de la monnaie à la fois physique où c’est de l’argent liquide et d’autre part la “monnaie banque centrale” dématérialisée dont le grand public n’a pas accès.
Les banques commerciales quand elles émettent des crédits. Cette monnaie est créée à partir de rien. C’est de la monnaie virtuelle.
5:50 : Comment le cours d’une devise est déterminé par rapport à une autre monnaie ?
Taux de change flottant c'est-à-dire que c’est le marché qui détermine le cours des devises par rapport aux autres.
Il y a un gigantesque casino spéculatif qui s’appelle le Forex. Ce système date des années 70
L’offre et la demande sont très influentes en sachant qu’elles peuvent être manipulées par les interventions des banques centrales.
10:20 - Un moment marquant dans l’histoire de la politique monétaire : la fin des accords de Bretton Woods
Il faut rappeler le contexte : on observe une émergence d’une monnaie mondiale. A la fin du 19e siècle, chaque monnaie nationale n’est qu’un libellé de l’or. Ce système, l’étalon-or, s’est effondré à la fin de la première guerre mondiale parce qu’il empêchait de créer de la monnaie sans limite. Sauf que les Etats ont eu besoin de financer les dépenses et on a changé le système pour pallier ça.
Dans la période d’entre deux guerres, il y a eu plein de systèmes notamment la ré-instauration de l’étalon-or ou des régimes intermédiaires mais ça n'a pas fonctionné.
Les accords de Bretton Woods sont signés à la fin de la deuxième guerre mondiale. Cela consiste à mettre une parité fixe entre le dollar et l’or. Tous les autres États s'engagent à relier leurs monnaies avec le dollar et sont donc toujours reliées à l’or. Le problème de ce système c’est qu’elle donne un énorme pouvoir aux États-Unis qui peuvent créer des dollars sans devoir rendre des comptes et par rapport à leur quantité d’or. Il y a eu une perte de confiance dans le dollar de la part de la plupart des États .
La fin des accords de Bretton woods est acté en 71. Le système devient intenable pour les États-Unis, on met en place une parité un peu différente entre le dollar et l’or. Tous les pays, en 76, ont décidé de rentrer dans un système de change flottant. Pour la première fois de l’histoire de l’humanité, les monnaies sont reliées à aucun bien physique. Les banques centrales ont pourtant encore de l’or dans leurs caisses mais ça ne sert à rien officiellement dans le système monétaire actuel. La monnaie peut désormais être créée autant qu’on veut. La seule limite c’est l’hyper inflation.
Les États-Unis ont cherché un moyen de maintenir le poids du dollar grâce au pétrole. Ils ont signé un pacte avec l’Arabie Saoudite pour que le pétrole soit échangé au niveau mondial en dollar. En échange, les États-Unis ont offert leur protection au niveau géopolitique.
12:20 - Pourquoi la création monétaire ex-nhilo s’est considérablement accélérée durant les 15 dernières années ?
Depuis des décennies, les banques centrales font tout ce qu’elles peuvent pour maintenir une certaine stabilité des prix en utilisant des tas d’outils pour créer de la monnaie et orienter le rythme de la création monétaire des banques commerciales à travers par exemple le taux d’intérêt qu’elles fixent elles mêmes
En 2008, après la crise financière, les banques centrales ont décidé de plus faciliter la création monétaire ex-nhilo qu’avant pour inciter les acteurs économiques à consommer et produire. Les États se sont endettés et les banques centrales ont contribué à cela. Cela a engendré une gigantesque création monétaire. Lors de la crise du covid, les banques centrales ont récidivé.
50% des dollars en circulation ont été créés ces deux dernières années.
Aujourd’hui la question se pose sur l’utilité ou pas d’une telle démarche ?
15:20 - Qu’est ce que la dette mondiale veut dire ?
L’idée importante c’est que l’économie mondiale est surendettée. Cette situation n’est pas saine car elle donne des pouvoirs énormes à certains acteurs. On offre du pouvoir d’achat aux plus riches au détriment des plus pauvres. Ce n’est pas évident que cette situation soit soutenable.
La cause c’est le fait qu’on puisse créer de la monnaie sans limite.
Beaucoup de problèmes qu’on attribue aux capitalisme sont en réalité d’une autre origine comme le système monétaire.
18:10 - Qu’est ce que l’inflation ?
L’inflation est un sujet central dans l’actualité et il y a des réflexions économiques depuis des siècles. Nicolas Oresme, grand penseur de son époque, dès le 14e siècle a beaucoup travaillé là-dessus.
Augmentation de la masse monétaire jusqu'au 20e siècle puis augmentation générale des prix. Le glissement sémantique n’est pas neutre. Beaucoup d’acteurs ont promu l’augmentation de la masse monétaire et ont changé le sens de l’inflation pour résumer les conséquences et non les causes.
Depuis une dizaine d’années, les économistes du courant autrichien alertent sur le risque d’une hyper inflation.
Beaucoup de signes d’alertes durant la dernière décennie tels que la hausse des prix de l’immobilier et du marché de l’art.
23:10 - Est ce qu’il y a une dynamique particulière de l’inflation ?
Il y a des gens qui pensent qu’un petit peu d’inflation des prix qui échappe au contrôle de l’état c’est utile.
Le problème de l’inflation c’est quand elle devient incontrôlable parce que ça perturbe le fonctionnement de l’économie et notamment le système des prix. Quand les prix se mettent à varier de manière imprévisible. C’est encore + un problème quand l’inflation devient de l’hyperinflation ce qui arrive au Liban en ce moment. L’Allemagne et l’Autriche ont connu cette situation. Il s’agit là d’un effondrement de la civilisation. Du jour au lendemain, la préoccupation quotidienne c’est survivre. D’un point de vue historique, l’hyperinflation arrive exclusivement quand les banques centrales ont créé trop de monnaies.
Yorick De Mombynes imagine mal que la situation actuelle en France et en Europe débouche sur de l’hyperinflation. Cependant il tient à rappeler que rien n’est impossible vu la manière absurde dont est gérée la monnaie selon lui.
Pour combattre l’inflation, il faut augmenter les taux d’intérêts qui peut provoquer un cataclysme dans les finances publiques des États. Il y a une résistance politique des banques centrales pour augmenter les taux d’intérêts. Par conséquent, il y a un gros risque que l’inflation des prix qui semble maîtrisée à un certain niveau reprenne.
Il reste une bouée de sauvetage : les crypto-monnaies. Une monnaie rare qu’on ne peut pas créer sans limite notamment le bitcoin.
28:10 - Pourquoi nous ne sommes plus dans un vrai système capitaliste selon Yorick De Mombynes ?
Il y a beaucoup de raisons mais c’est notamment à cause du poids des prélèvements obligatoires et du poids des réglementations qui orientent chaque pan de l’activité humaine aujourd’hui. Il y a aussi le pilotage de la monnaie et du secteur financier par l’Etat et la banque centrale).
Il n’y a pas une dérégulation de la finance selon Yorick de Mombynes. Certes, Il y a eu des privatisations par rapport au système antérieur qui était presque du socialisme. Toutefois, on sauve des acteurs financiers avec de l’argent du contribuable. On instaure des réglementations favorables ou des obligations particulières à des acteurs financiers ce qui permet d’orienter largement leurs activités. On est donc pas dans un capitalisme.
Les banques centrales créent beaucoup de monnaies. Ce n’est pas du tout le capitalisme.
Le capitalisme ce n’est pas la situation actuelle où une phrase d’un banquier de la banque centrale peut déclencher une crise financière.
On critique les crypto-monnaies parce qu’elles peuvent évoluer en fonction des paroles d’un personnage fantasque mais on ne se pose jamais la question avec les marchés financiers
31:40 - Pourquoi un mot de Jerome Powell, président de la banque centrale américaine, peut faire bouger les marchés financiers vers le haut ou vers le bas ?
La raison est que les banques centrales prétendent comploter les anticipations des acteurs économiques. L’inflation et les activités économiques dépendent des prévisions des acteurs économiques. Dans le système capitaliste, le taux d’intérêt moyen, c'est-à-dire le chiffre le plus important de l’économie humaine, est fixé par le marché. Dans notre système ce n’est pas le cas, il dépend de décisions de quelques bureaucrates non élus et sans responsabilités politiques.. C’est pour cela que dans une économie malsaine comme la nôtre, pour faire des prévisions, on doit tenir compte de ce que ces bureaucrates disent. Selon Yorick De Mombynes, nous sommes dans le dévoiement du système capitaliste
34:40 - Qu’est ce qui se joue autour de la monnaie et de l’énergie ?
Comme le marché de l’énergie est très important, la question de savoir quelle monnaie va être utilisée aura un grand impact sur la prospérité de la monnaie qu’on choisira.
Pour cette raison, la Chine essaye d’acheter du pétrole en Yuan et la Russie en rouble. Beaucoup de pays contestent le primat du dollar.
36:20 - Quel est l’impact des politiques monétaires sur les sociétés ?
Il y a un lien entre d’une part la dislocation du tissu social, la colère de l’augmentation des inégalités, la montée des populismes et d’autre part la politique monétaire. Il est difficile de faire les liens entre les deux.
Selon Yorick de Mombynes, les politiques monétaires expansionnistes accroissent les inégalités sociales de manière massive mais aussi invisible et il est difficile de le détecter. L’effet Cantillon explique ce phénomène.
La bourgeoisie et la classe moyenne augmentent leurs richesses dans les périodes d’inflation alors que les plus pauvres perdent beaucoup d’argent à cause de l’augmentation des prix. Ces derniers votent pour des partis populistes (Bolsonaro, Le Pen, Trump etc..) où des politiciens veulent mettre de l’autorité et de l’ordre. Ce n’est pas sain de Et c’est comme ça que la démocratie se transforme en dictature.
40:55 - Le concept du revenu universel
Tout d’abord, il y a un argument technique favorable : on va simplifier et harmoniser les prestations sociales. C’est la thèse défendue par Gaspard Koenig.
Ensuite il y a un argument philosophique : le rôle de la puissance publique c’est d’accorder à chacun les moyens de son autonomie
Cependant ces deux arguments sont très naïfs et sous-estiment les inconvénients techniques et philosophiques. Pour lui, le rôle de la puissance publique est d’assurer la coexistence pacifique des individus.
Une fois que le revenu universel est en place, les candidats seront tentés d’augmenter le revenu universel pour des raisons clientélistes. Celui qui sera élu sera celui qui proposera la plus grosse augmentation. Et c’est comme ça que l’on pourrait se retrouver dans le socialisme.
43:10 - C’est quoi la philosophie d’origine du bitcoin et d’autres crypto-monnaies ?
Le bitcoin et les crypto-monnaies ont une image déplorable. Beaucoup de gens sont très hostiles. Il y a d’abord la méconnaissance, des conflits d’intérêts et de l’idéologie. Le bitcoin donne une nouvelle souveraineté financière aux individus. Pour des raisons philosophiques, il y a des acteurs qui sont opposés aux crypto-monnaies parce que pour eux le bitcoin est un danger puisqu’on ne peut pas le contrôler.
Beaucoup de préjugés, de sophismes, d’idées reçues circulent mais progressivement il y a quand même des gens qui comprennent ce que c’est et pourquoi ça peut être positif.
L’inventeur a beaucoup écrit sur la philosophie d’origine. Il explique qu’il voulait créer un système de cash numérique. Bitcoin est un système de paiement sauf que les jetons numériques sont considérés par certains comme des monnaies alors que ce n’est pas le cas. Cependant, c’est auto réalisateur. Plus il y a de personnes qui pensent que le bitcoin est plus efficace que la monnaie nationale plus le bitcoin sera considéré comme monnaie.
L’inventeur du bitcoin voulait créer du cash numérique parce qu’il y a des acteurs qui sont des tiers de confiance (banques, organismes financiers, États) qui prélèvent des coûts et des informations sur les gens. Pour des raisons d'ingénierie financière et philosophique qu’il n’est pas sain de donner autant de pouvoirs. L’inventeur du bitcoin s’inscrit dans un courant de pensée les cypherpunk qui disait qu’il fallait absolument créer une monnaie qui circule sur internet sans tiers de confiance. Simplement la plupart d’entre eux ont abandonné parce que c’était très compliqué jusqu’au jour où un inconnu, l’inventeur du bitcoin, est arrivé.
49:30 - C’est quoi la particularité du bitcoin par rapport au reste de l’écosystème?
Toutes les crypto-monnaies s’inspirent du bitcoin. Dans le système bitcoin, personne n’a le pouvoir. Le régime d’émission, notamment, personne ne peut le modifier. Il y a une limite de 21 millions d’unités produites maximum et on est rendu à 19 millions. Le jeton est rare, que le dispositif est très robuste techniquement et probablement inviolable. Cela rend le système très particulier et très spécifique. Le bitcoin a aussi pour particularité qu’il est âgé et a déjà résisté à des attaques. C’est pour cela qu’il est particulièrement populaire.
Les autres blockchains donnent du pouvoir à certains acteurs. Par conséquent, si le dispositif devient gênant pour les Etats, ces derniers pourraient avoir les moyens de les encadrer et de les tuer. Sur le court terme, il peut avoir un succès médiatique et faire gagner des milliards de dollars à ses créateurs mais sur le long terme il ne peut pas survivre.
Techniquement, il est très difficile de créer un système ultra sécurisé. En général, les nouveaux dispositifs sont peu sécurisés.
53:20 - Les critiques autour de la consommation énergétique du bitcoin
Selon Yorick, c’est très bien puisqu’il consomme beaucoup d’énergie pour tester la sécurité de son système.
De plus, toute civilisation a consommé de l’énergie.
Sur le côté polluant, le mix énergétique du bitcoin c’est 60% décarboné. Beaucoup de mineurs qui utilisent trop d’hydrocarbures font faillite. Les mineurs sont des atouts majeurs pour la transition énergétique car ils sont mobiles. Il existe des ressources d’énergies renouvelables inépuisables partout dans le monde qui ne sont pas rentables. Avec les mineurs, on pourrait voir prochainement des barrages hydro-électriques au milieu de nulle part.
57:10 - La propositions des concurrents du bitcoin : consommer moins d’énergie
Ce n’est pas une bonne idée. Les bitcoins sont sécurisés parce qu’ils consomment de l’énergie. Un système qui consomme peu d’énergie ne pourrait pas faire face au niveau de la sécurité.
De plus, le fait que le bitcoin consomme énormément d’énergies, le rend cher à produire. Or, toutes les monnaies qui ont prospéré dans l’histoire étaient chères à produire parce que dans ces cas là personne peut avoir le pouvoir d’en produire trop contrairement au monnaie nationale actuelle..
59:10 - La réaction des banques centrales face au bitcoin
La puissance publique et les banques centrales ont un intérêt à ne pas laisser prospérer les crypto-monnaies. En effet, cela amènerait au renoncement des pouvoirs monétaires. Les acteurs qui ont du pouvoir n'ont aucun intérêt à y renoncer. En sachant que le pouvoir monétaire est un immense pouvoir. Il permet des choses positives et négatives. Il permet parfois de subventionner des activités saines, d'avantages des lobbys, des clientèles électorales et de financer des monstruosités comme des guerres mondiales.
Les États commencent à comprendre que le pouvoir monétaire est en train de leur échapper avec le bitcoin contrairement aux autres crypto-monnaies.
Avec les CBDC, Central bank digital currency, les banques centrales créent des monnaies numériques grand public. Les États vont habilement supprimer le cash physique .
1:03:10 - Où est-ce qu'on en est concernant les monnaies numériques des banques centrales ?
Il n'est pas facile de savoir où en est parce que les banques centrales communiquent beaucoup mais il ne faut pas être naïf et prendre aux pieds de la lettre ce qu'elles disent. Il y a plein d'effervescence sur ce sujet mais en réalité les experts racontent que ça n'avance pas aussi vite. En effet, la création de ces monnaies numériques pourrait dérégler complètement l'économie bancaire. D'ailleurs beaucoup de banques commerciales sont assez inquiètes parce que c'est la création d'un concurrent sérieux. La plupart des personnes préféreront mettre l'argent dans les banques centrales que dans les banques commerciales. Pour une simple raison, les banques centrales ne feront jamais faillite.
Malgré ces difficultés, le sujet progresse parce que la puissance publique a un intérêt et c'est très inquiétant. En réalité, il s’agit d’un outil potentiellement totalitaire. En effet, la création de ces monnaies numériques permettra un contrôle accru sur l'économie parce que ça permettra de faire plus de relances sur l'inflation monétaire. Aujourd'hui il existe beaucoup d'intermédiaires entre la banque centrale et le particulier donc c'est compliqué. Avec les monnaies numériques il n'y aura plus d'intermédiaires. Les banques centrales pourront inciter à consommer certains produits sur des critères politiques (origine du produit mais aussi bilan carbone). On pourrait recevoir des malus ou des récompenses en fonction de ce que l'on consomme. Le contrôle par la banque centrale pourrait aussi s'appliquer aux entreprises. Recevoir de l'argent se fera obligatoirement par une contrepartie. Selon Yorick, avec un tel système ça serait l'émergence d'un socialisme 2.0 sans assumer le projet de socialisme.
Le contrôle de la banque centrale sera beaucoup plus instantanée
1:10:10 - Est ce qu'il n'y a pas quelque chose de positif dans un tel système ?
En soi, c'est logique comme raisonnement qu’on trouve ce système positif. Toutefois, il faut que les gens qui proposent cela soit honnête et que ça soit clairement dit qu'il s'agit d'un projet socialiste et centralisé.
Le discours des personnes qui militent pour ce système consiste à dire que les outils de contrôles seraient une bonne chose tant que ce n'est pas dans la main d'un pouvoir autoritaire ou dictatorial. Cependant même si c'est un pouvoir qui se dit “bienveillant”, l’époque contemporaine prouve bien que ce n'est pas une bonne idée parce que le pouvoir démocratique agit comme un pouvoir totalitaire.
Il faut que chacun se renseigne et ne soit pas naïf. De plus, il faut que tout le monde se renseigne également sur la bouée de sauvetage qui est le bitcoin. En effet, la plupart des autres crypto-monnaies pourront être régulées voire interdites quand les banques centrales vont créer leur monnaie numérique tandis que ce ne sera sans doute pas le cas du bitcoin.
Aujourd’hui, des États choisissent comme monnaie le bitcoin. Pour l’instant, ce sont des États qui sont méprisés.
1:16:00 - Pourquoi certains États font le choix de transformer le bitcoin en monnaie officielle ?
Salvador a abandonné sa monnaie pour adopter le dollar américain. Le problème c’est qu’ils sont dépendants de la politique monétaire américaine. Par conséquent, ils ont décidé que le bitcoin serait l’autre monnaie officielle. Tous les commerces modernes acceptent le bitcoin parce que c’est obligatoire.
Aujourd’hui, le bitcoin n’est pas très utilisé en ce moment comme monnaie d’échange parce qu’on peut penser que sa valeur va augmenter sensiblement avec l’émergence de monnaie numérique de la banque centrale. Il est donc logique de l’économiser.
1:17:30 - Comment Yorick De Mombynes voit l’évolution de la zone euro avec l’inflation, la potentielle récession, l’explosion de la dette et la création d’une monnaie numérique ?
La puissance publique se saisit de chaque grande crise comme prétexte pour accroître son pouvoir. C’est tout à fait vrai à l’époque contemporaine.
Ici, il y aura une tendance en Europe pour créer l’euro numérique et développer le fédéralisme budgétaire parce qu’aujourd’hui c’est difficile d’avoir une politique monétaire commune entre les États.
Il y aura une autre tendance, par exemple, les Allemands, qui voudront sortir de l’Euro. Cependant, si l’on sort de l’Euro, ça se fera de manière transitoire. De la même manière, qu’on est sorti des accords de Bretton Woods. La vraie sortie s’est faite en 1976. Sur le moment, ça n'a pas été présenté comme un événement majeur.
1:20:20 - Le témoignage de Yorick De Mombynes au coeur du pouvoir à Matignon
Son rôle durant la première année, était d’être la plume c’est-à-dire d’écrire les discours de François Fillon. Chaque discours devait annoncer quelque chose. C’est comme cela qu'il a appris à cette occasion que les décisions étaient prises au dernier moment. En réalité, c’est un mode de décision extrêmement précaire et critiquable parce que l’état doit gérer le long terme avec de la rationalité et agir dans l’intérêt général
Durant les deux autres années, il s’est occupé de la révision générale des politiques publiques. Il devait mettre en place des réformes pour réaliser des économies. Chaque semaine, il était dans des réunions avec les ministres concernés où l’on tranchait quelles administrations fusionnaient ou les suppressions de postes des fonctionnaires..
Lors de la crise de 2008, la vision a complètement changé. Ce processus est devenu la dernière roue du carrosse à la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Désormais il s’agissait de faire de la création monétaire, de dépenser le plus possible et de sauver l’économie en subventionnant au maximum. Yorick De Mombynes était mal à l’aise avec cette approche.
Globalement, il était un peu consterné de ce fonctionnement politique et c’est pour cette raison qu’il est parti dans le privé et voir comment fonctionne le privé.
1:23:50 - L’avenir global selon Yorick De Mombynes
En tant que magistrat à la Cour des Comptes, il ne peut pas donner son avis et est obligé d’être vague pour que ça ne soit pas interprété comme venant de la Cour des Comptes.
Contrairement à ce que pense les théoriciens modernes de la monnaie, il n’est pas tenable à long terme d’avoir des États soient surendettés. Les marchés arrêtent de prêter et les États sont pris à la gorge et doivent faire des coupes sombres parce qu’elles n’ont pas été préparé. Cela arrive très souvent avec le FMI mais la question actuellement c’est est ce que cela va nous arriver un jour chez nous en France.
L’alternative, si crise il y a, sera la monnaie numérique de banque centrale. Elle sera présentée comme la solution au prix d’un autoritarisme renforcé.
Les livres recommandées par Yorick De Mombynes
Pour aller plus loin
Yorick sur Twitter : https://twitter.com/ydemombynes