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#89- Le verrou financier - LUCIE PINSON

Le système financier, les banques, les entreprises sont au coeur du défi écologique. Peut-on les réformer en profondeur ?


Lucie Pinson est directrice générale de l’ONG Reclaim Finance dont l’ambition est de mettre la finance au service du climat.

Quand on parle des tendances et des enjeux de notre époque, il faut parler des structures qui les créent et les conditionnent. Notre modèle économique est une de ces structures, il oriente notre trajectoire collective en organisant la plupart des activités humaines. Et au coeur du système économique, aujourd’hui la finance occupe une place majeure. Difficile donc de réfléchir aux grands enjeux actuels sans comprendre le fonctionnement de la finance.

Dans cet épisode on ne fait évidemment pas le tour de la question, mais on met en évidence des liens entre le défi écologique et les banques, les subventions, les indicateurs et les entreprises.




ITW enregistrée le 14 avril 2022



De quoi parle-t-on ?

01:30 - Qui est Lucie ?


03:00 - Rôle de la finance dans notre trajectoire collective
  • Le secteur financier ne se limite pas aux acteurs financiers. Il est normé par :

  • le gouvernement

  • l’AMF (Autorité des Marchés Financiers)

  • les fournisseurs d’indices

  • les agences de notations

  • les brokers pour le monde de l’assurance

  • Impact concret des acteurs financiers sur le monde réel


05:00 - Comment le secteur impacte l’économie et la vie publique ?

  • L’intégralité du monde qui nous entoure est le fruit de décisions prise par les acteurs financiers” (investissements, financements, conseils, couvertures d’assurance)

  • incontournable pour aligner l’économie sur une trajectoire climatique

  • Exemple : projet du terminal de gaz liquéfié (Rio Grande LNG) au Texas soutenu par Société Générale dans la phase d’étude. https://reclaimfinance.org/site/2021/05/18/societe-generale-et-gaz-de-schiste-ca-fait-pschitt/

  • Les assureurs (garantir le soutien d’une banque, obtenir les autorisations)

  • Les Investissements

  • Les services financiers pour permettre les opérations des entreprises

  • Enjeux de transformation des entreprises sur lesquels les acteurs financiers peuvent intervenir :

    • fermer énormément d’infrastructures dans un lapse de temps très court

    • développement d’alternatives

    • conversion des salariés

    • aides aux communautés dépendantes de ces projets


10:30 - À quel niveau se prennent les décisions clés ?


17:00 - Autres paramètres de décision


24:30 - Financement de l’extractivisme

  • Les 60 plus grandes banques ont accordé 4 600 milliards de dollars aux énergies fossiles depuis l’adoption de l’Accord de Paris sur le climat. https://www.bankingonclimatechaos.org/

  • Problème : financement de nouveaux projets qui aggravent la situation et contraire à la recommandation de l’IEA. https://reclaimfinance.org/site/2022/01/19/weo-2021-trois-principes-cles-institutions-financieres/

  • Freins structurels

    • horizon de temps de très court terme (de 24h à quelques années). Investir aujourd’hui dans des "stranded assets" sera coûteux.

    • La finance n’est pas au service de l'économie réelle (indexation des rémunérations à des objectifs climatiques)

    • La finance s’intéresse au climat sous le prisme des profits (matérialité financière).

    • Le risque climatique n’est pas modélisable (incertitude radicale)

  • Nous sommes favorables à un changement radical d’approche où on ne doit pas d’abord gérer le risque mais prévenir l’impact

  • Est-ce que l’entreprise est là pour se faire du pognon au détriment du monde réel ou on remet l’entreprise au cœur d’un projet sociétal et son but est de contribuer à un modèle de développement durable?


34:30 - Les plans net zéro et la finance à impact


39:30 - Prix sur les externalités et une meilleur allocation des investissements

  • Fonds ISR (Investissement Social Responsable) : notation des entreprises sur critères ESG (Environnement, Social et Gouvernance) et exclusion de 20% les plus mauvais. Les 80% restants ne répondent pas nécessairement à des objectifs de durabilité.

  • Solution

    • pré-requis plus strictes à garantir

    • prendre en compte l’évolution de l’entreprise (au delà de la photo à l'instant t)

  • Les énergies renouvelables demandent l’exploitation de ressources naturelles limitées. Rediriger les investissements n’est donc pas suffisant.

  • Il n’y aura pas de solution réelle sans décroissance, sans sobriété


46:00 - Bonnes pratiques dans le système actuel

  • Acteurs alternatifs :

  • Acteurs traditionnels

    • Le débat actuel au niveau européen préfigure un débat plus profond sur une possible évolution vers des règles du jeu radicalement différentes, vers une comptabilité écologique.

    • Mais le temps parlementaire est trop lent


49:30 - Que faut-il changer en théorie ?

  • Sortir du mythe de l'autorégulation (L’argent est disponible, l’information est disponible depuis 45 ans)

  • Les régulations laissent de larges marges de manoeuvre (exceptions, conditions, principe de se conformer ou s’expliquer)

  • L’incitation ne suffit pas, il faut aussi contraindre.

  • Empêcher les "revolving doors" (retours d'ascenseur) et le liens personnels entre acteurs

  • Encadrement de la communication et des labels (sanction du green washing)

  • Certains engagement ont quand même été pris (exemple du charbon)

  • Passer le rôle de contrôle des ONG vers le régulateur

  • Pertinence des stress tests qui évaluent la résilience des acteurs financiers face au changement climatique

  • Les banque centrales

  • Interdiction de financer des projet que la science stipule être incompatibles avec l’objectif de limiter le réchauffement à 1.5C

59:30 - En pratique, comment fait-on?


01:06:00 - À quel niveau peut-on obtenir un changement de paradigme?

  • Schizophrénie des pays développés entre discours d’arrêt des financements aux énergies fossiles depuis 2009 et leur continuité :

    • agences de crédits aux exportations

    • garanties de la BPI à des projets pétroliers jusqu'en 2025 et gaziers jusqu'en 2035

  • La décision peut être prise seule par l’Etat français. Exemple du charbon en 2015.

  • Diplomatie internationale (enjeux de concurrence, de posture)

  • Déclaration de certains pays de l’arrêt du soutien aux énergies fossiles d’ici 2022. https://www.amisdelaterre.org/communique-presse/cop26-la-france-rejoint-enfin-les-30-pays-sengageant-a-cesser-de-soutenir-les-energies-fossiles-fin-2022/

    • France rejoint l’accord sous pression diplomatique

    • Collusion avec Total Energies

    • Garantie de la BPI de projets LNG risqués (Arctique, Mozambique)

  • Pression nécessaire sur le prochain gouvernement français

  • Les engagements ad-hoc pris à la COP26 au sein de coalitions n’engagent personne.


01:13:30 - Comparaison avec d’autres pays

  • Engagements variables dans le temps (engagements forts du Royaume-Uni lors de la COP26 remis en cause avec la crise en Ukraine)

  • Engagements variables dans l’espace (engagements sur le territoire national de la France mais pas à l’étranger)


01:15:30 - Les sources d’espoir


01:19:30 - Ce qui a déjà bougé

  • Les acteurs financiers doivent aujourd’hui se soucier de leur responsabilité sur le climat et le populations

  • Plus de 500 acteurs s’engagent sur les bons objectifs

  • Cet aboutissement est le résultat de pressions de la société civile et d’ONG.

  • Le périmètre d’engagement des banques couvre aussi les services qui ne sont pas à leur bilan

  • Un certain nombre de projets d’énergies fossiles ont été empêchés.

  • Des mesures déjà prises incarnent un changement de paradigme.


01:24:00 - Conseil aux auditeurs

  • le meilleur antidote contre l’angoisse c’est l'engagement


Pour aller plus loin :




Un grand merci à Julien Delfosse, auditeur et membre de la communauté Sismique, pour la rédaction de ces notes !!




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